Tu crois que les cannabinoïdes sont une exclusivité du chanvre ? Détrompe-toi ! Certaines plantes — parfois très connues, parfois totalement inattendues — cachent en elles des molécules qui miment les effets du cannabis. C’est ce qu’on appelle des cannamimétiques. Un nom un peu barbare pour désigner un phénomène… fascinant.
Prêt(e) à découvrir ces plantes qui chatouillent notre système endocannabinoïde comme des pros ? Accroche-toi, on va voyager du Pacifique Sud jusqu’aux forêts de truffes en passant par ton placard à épices. Spoiler : tu n’as pas fini d’être surpris.
C’est quoi ces fameux cannamimétiques ?
Avant de faire le tour du jardin, un petit détour par le labo s’impose. Les cannabinoïdes, comme le THC ou le CBD, interagissent avec un réseau subtil dans notre corps : le système endocannabinoïde. Il régule l’humeur, l’appétit, le sommeil, la douleur… un vrai chef d’orchestre.
Eh bien, certaines plantes non cannabis contiennent des composés qui imitent ces effets. Sans THC. Sans high. Mais avec un sacré potentiel !
1. Kava : le relaxant venu des îles
Si tu rêves de déconnecter sans passer par la case tisane verveine, le kava pourrait bien devenir ton meilleur pote. Cette plante venue des îles du Pacifique est utilisée depuis des siècles pour calmer l’esprit… et le corps.
Ce que contient le kava
Au cœur de ses racines, on trouve les kavalactones. Ces molécules sont un peu les ambassadeurs du kava. Et devine quoi ? Certaines, comme la yangonine, se lient aux récepteurs CB1, tout comme le THC. Résultat : un effet relaxant, anxiolytique, mais sans planer.
Comment on l’utilise (sans devenir un sorcier)
Traditionnellement, les habitants du Vanuatu ou des Fidji en font une boisson brune, un peu terreuse. Mais aujourd’hui, tu la trouveras plutôt en :
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Gélules
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Extraits liquides
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Tisanes douces
🛑 Attention tout de même : le kava n’est pas à consommer à la légère. Des effets secondaires sur le foie ont été rapportés. Demande toujours l’avis d’un pro de santé avant de te lancer.
2. Poivre noir & romarin : ces épices qui veulent ton bien
Tu as sûrement déjà ces deux-là dans ta cuisine. Le poivre noir et le romarin ne sont pas que des stars de la ratatouille. Ils contiennent tous deux un terpène magique : le caryophyllène.
Le BCP, ce faux cannabinoïde génial
Son nom scientifique : bêta-caryophyllène (BCP). Ce composé se lie aux récepteurs CB2, ceux liés à l’inflammation et au système immunitaire. Contrairement au CB1, il ne provoque aucun effet psychoactif. Juste du bien-être profond.
Des bienfaits qui se savourent
Le BCP est étudié pour ses propriétés :
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Anti-inflammatoires
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Antidépresseurs naturels
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Protecteurs digestifs
👉 On le retrouve aussi dans certaines huiles essentielles, comme celle de clou de girofle. Et dans de nombreux compléments alimentaires naturels.
Petite astuce : moudre ton poivre juste avant usage maximise sa teneur en caryophyllène. Vive le moulin manuel !
3. Mousses hépatiques : les plantes les plus cools que tu n’as jamais remarquées
On passe à un ovni botanique. Les mousses hépatiques, notamment celles du genre Radula, ressemblent à de simples touffes vertes. Pourtant, elles contiennent une substance presque jumelle du THC : le perrottetinène.
Le cousin discret du THC
Cette molécule active les récepteurs CB1, tout comme son grand frère du cannabis. Des études récentes [Gertsch et al., 2018, Science Advances – DOI : 10.1126/sciadv.aau2767] ont montré qu’elle avait des effets similaires, mais plus modérés, sur la douleur et l’humeur.
Promesses… mais prudence
Les recherches en sont encore à leurs débuts. Mais certains experts voient dans cette mousse un potentiel thérapeutique pour :
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La gestion de la douleur
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L’anxiété
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Les troubles de l’humeur
Bref, sous cette petite touffe verte se cache une future star du bien-être. À suivre de près.
4. Helichrysum umbraculigerum : la fleur qui joue dans la cour des grands
Direction l’Afrique du Sud, où pousse une plante à la chimie étonnante : l’Helichrysum umbraculigerum. Derrière ce nom presque imprononçable, se cache une fleur à cannabinoïdes.
Surprise : elle contient du CBG
Oui, du cannabigerol, le fameux CBG, aussi présent dans le cannabis. Ce composé est connu pour :
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Ses propriétés antimicrobiennes
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Son effet antidépresseur naturel
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Son potentiel neuroprotecteur
Le CBG est surnommé “la cellule souche des cannabinoïdes” car il est à l’origine du THC et du CBD. Rien que ça.
Une fleur aux mille usages
En phytothérapie, elle est utilisée pour :
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Apaiser le système nerveux
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Soutenir l’immunité
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Réduire les infections légères
Tu la trouveras sous forme de macérats, d’extraits ou dans des infusions bien ciblées. Son odeur ? Un mélange herbacé, presque épicé, qui donne envie de respirer plus fort.
5. Maca des Andes : la racine qui booste les endocannabinoïdes
Si tu te sens à plat, sans énergie, ni moral, la maca pourrait te surprendre. Ce tubercule venu du Pérou a plus d’un tour dans sa racine.
Elle n’imite pas… elle optimise
La maca ne contient pas de cannabinoïde à proprement parler. Mais elle agit en bloquant l’enzyme FAAH, celle qui dégrade les endocannabinoïdes (comme l’anandamide). Résultat : nos “molécules du bonheur” restent actives plus longtemps.
C’est un peu comme si la maca disait à ton corps : “Allez, garde le sourire encore un peu !”
Traditions et usages modernes
Chez les Incas, on la consommait pour :
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Stimuler la fertilité
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Augmenter l’endurance
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Réchauffer les nuits (vraiment)
Aujourd’hui, elle se décline en :
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Poudre à mélanger dans un smoothie
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Gélules
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Boissons énergisantes naturelles
Et petit bonus : elle est aussi adaptogène. Elle aide ton corps à mieux gérer le stress. Une alliée fidèle.
6. Truffes noires : les champignons qui savent te parler
On termine cette balade botanique sous la terre… avec la truffe noire. Ce champignon rare, adoré des chefs, cache en lui un trésor moléculaire : l’anandamide.
L’anandamide, alias la molécule du bonheur
Ce nom vient du sanskrit ananda, qui signifie “félicité”. C’est un endocannabinoïde naturellement produit par notre cerveau. Il se lie aux récepteurs CB1, un peu comme le THC… mais produit par nous.
Et devine quoi ? La truffe en contient aussi !
Pourquoi ? Mystère. Mais c’est prouvé scientifiquement : [Stella et al., 2015, Nature, DOI : 10.1038/nature13971].
Bienfaits potentiels
L’anandamide est connue pour :
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Réguler l’humeur
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Créer une sensation de bien-être
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Diminuer les douleurs et l’inflammation
Les truffes ne vont pas te faire planer, mais elles pourraient, indirectement, nourrir ton système endocannabinoïde de l’intérieur.
Et on comprend mieux pourquoi certains chefs parlent de “plaisir intense” quand ils en mangent.
🧾 Tableau comparatif : les 6 plantes et leurs effets façon cannabinoïdes
🌿 Plante | ⚛️ Composé actif | 🎯 Récepteur ciblé | 💥 Effet principal ressenti | 💡 Remarques / Usages |
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Kava | Kavalactones (yangonine) | CB1 | Relaxation, réduction de l’anxiété | Attention au foie, usage encadré |
Poivre noir / Romarin | Bêta-caryophyllène (BCP) | CB2 | Anti-inflammatoire, amélioration de l’humeur | Présent aussi dans huiles essentielles |
Mousses hépatiques(Radula) | Perrottetinène | CB1 | Léger effet THC-like, gestion de la douleur | Recherche encore préliminaire |
Helichrysum umbraculigerum | Cannabigerol (CBG) | CB1 / CB2 | Antimicrobien, soutien émotionnel | Utilisé en phytothérapie |
Maca des Andes | (Action sur FAAH) | Indirect (↑ AEA) | Vitalité, résistance au stress | Adaptogène naturel |
Truffes noires | Anandamide | CB1 | Sensation de bonheur, bien-être général | Aliment fonctionnel potentiel |